100% Lahayal : Une armée humaine
Il ne faut parfois pas aller loin pour percer certains secrets. Mais cette fois-ci, le lieu est choisi. C’est dans une base du cœur du Golan, que l’association 100 % Lahayal nous invite à une journée initiatique. Lever de rideau sur le quotidien des soldats de la brigade Golani.
L’occasion de partager un petit moment avec ceux dont notre sécurité dépend. A l’entrée de la base, en guise d’accueil, des chars et des carcasses d’animaux, réminiscences d’anciens prédateurs décharnés... De quoi rappeler à l’homme qui oserait la défier, que la nature, où que ce soit, reprend ses droits.
L’ambiance, elle, est toute autre, une fois franchis les différents barrages de sécurité : une chaude journée d’été, des bruits de tirs d’entraînement, et ces voix, qu’on serait tentés d’appeler des “voix d’enfants”. Ceux qui sont déjà des “petits hommes” à part entière n’ont que 19 ans et un uniforme vert. Ils arborent une arme dont ils ne sont pas peu fiers. Et expliquent les rituels de l’armée.
Tout commence par la visite du campement. Les tentes sont dressées, les sacs-à-dos bouclés, les lits soigneusement faits, de quoi impressionner les mamans, incrédules, étonnées. En “semaine shétah” (sur le terrain), les soldats de l’unité 13 des Golani se retrouvent dans des conditions de guerre.
Ils ne partageront pas le repas plantureux offert aux visiteurs. Les consignes sont strictes : boîtes de thon et conserves sont les seules gourmandises au menu serré de ces combattants en entraînement. Ces recrues sont en préparation depuis novembre 2008. Dans deux mois, ils seront venus à bout d’une première année d’épuisants efforts physiques et moraux. Alors, une autre réalité les attendra, à Ramallah, ou ailleurs. Peu importe où finalement, la motivation et la volonté se lisent dans leurs yeux. (Lire la suite)
Du cocon parisien à la discipline de fer C’est le cas de Daniel, un jeune Français de 19 ans, qui a fait son aliya il y a deux ans et s’est engagé dans l’armée l’année dernière. “Le passage de la vie insouciante parisienne à cette base militaire au régime contraignant est radical. Mais c’est le but.”
Ce jeune homme est parti, laissant sa famille derrière lui. “J’essaie de les convaincre de me rejoindre, mais ça n’est pas gagné. Chez certains, la vérité met du temps à percer.”
Et c’est ainsi, que, en toute simplicité, Daniel raconte les étapes qui l’ont mené aux chemins de l’armée. Sous les yeux de David, un petit garçon de 12 ans son cadet, qui confiera plus tard dans la journée que c’est à Daniel qu’il veut ressembler !
Après seulement trois mois d’oulpan (cours d’hébreu intensifs), les nouveaux immigrants qui, comme Daniel, veulent être combattants, commencent leur entraînement. “Le plus dur dans l’histoire, c’est d’être loin de la famille.
Parce que même si les permissions sont plus souples, et les vacances plus longues pour les soldats-nouveaux immigrants, il n’en demeure pas moins que la chaleur de la maison nous manque parfois au quotidien.” Aucune violence dans leurs yeux quand ils expliquent les longues séances de tirs, pour apprendre à viser juste, à être précis pour mettre en joue l’ennemi. Aucune violence, et beaucoup de prudence.
Quand ils manipulent les armes et en détaillent les fonctions. Il y a celles avec esquelles on tire la nuit, celles qu’on utilise pour viser loin, celles des tireurs d’élite, et les armes automatiques. Mais ce qu’ils montrent avec lplus d’attention, ce sont ces gilets par balles dont l’armée a cruellement manqué, notamment au cours de la seconde guerre du Liban. On soupèse l’équipement. Vingt-cinq kilos déposés sur leurs frêles épaules.
Vingt-cinq kilos sur lesquels reposent leur sécurité, leur survie, et parfois aussi la nôtre. Dans ce monde très masculin, une question s’élève soudain : Où sont les filles ? Dans cette section, aucune ne fera rimer le combat au féminin.
Il n’en demeure pas moins qu’elles sont présentes au sein de la base. “Pour nous écouter, et nous réconforter, jouer le rôle de psy quand on a des petits soucis”, explique Daniel. Et le jeune soldat d’ajouter avec un brin de malice et sans minauderies : “Aucune fille n’est sur le terrain avec nous. Réfléchissez, comment pourrait-on se concentrer ?!”
En un portrait, en une parole, on dessine les contours du visage d’un jeune soldat à l’armée. Le corps d’un homme capable de la plus martiale fermeté, surmonté de deux yeux d’enfant au regard chargé d’idéaux de pérennité. Une subtile alliance entre force physique et force spirituelle. Une leçon d’humilité donnée par ceux qui érigent le “don de soi” en totem. Une façon de dire que le véritable amour que l’on a, c’est celui que l’on donne.
100 % Lahayal va droit au cœur des soldats de Tsahal \